(Sur l'air de Hexagone de Renaud Séchan)
Ils font leurs bagages au mois d’août
Mettent leur maison en container
C'est plus le moment d'avoir un doute
Ils sont muté en outre mer
Voulaient aller à Tahiti
Mais ils se retrouvent en Guyane
Heureusement y a encore l'IPSI*
Alors ils n'en font pas un drame
En septembre c'est la rentrée
Ils ont un emploi du temps pourri
Z'ont rien trouvé pour se loger
Commencent à maudire le pays
Y a plus de place dans les écoles
Pour scolariser leur gamin
Font une esclandre et coup de bol
Ils prennent la place d'un Haïtien
Être muté sous les tropiques
On peut pas dire qu'ils en feront trop
Ils viennent se remplir les fouilles de fric
Voici venue la classe des métros.
En octobre ils transpirent
Tout est trempé même leurs futals
Pour eux la chaleur c'est ce qu'il y a de pire
Vu qu'il y pas la clim dans leur salle
Et ces feiganasse du Rectorat
Qu'ont pas traîter le dossier de prime
Z'ont pas de pitier ces gens là
On voit bien bien qu' c'est pas eux qui triment
Il faut dire qu'on est en novembre
Et z'ont toujours pas pu se payer
Un jacuzzi pour se détendre
Et la piscine pour se prélasser
Et puis un 4X4 pour foncer
Sur les pistes de latérite
un bien gros ça les fait bander
ça compense leur petite...
En décembre c'est l'apothéose
Ils ont palpé leur petit bonus
De ti-punch c'est l'overdose
Mais ils pensaient que ça ferait plus
Sans compter qu'Air-France les raquette
D'une partie de leur pognon
Quand ils veulent rentrer pour les fêtes
Ça ça les rend vraiment grognon
Être muté sous les tropiques
Il faut pas croire qu' c'est pour la gloire
Si ils sont là c'est pour le fric
Et aussi pour être peinards
En janvier ils partent en carbet
Glacière hamacs et coque alu
sur le Kourou ou la Comté
avec leurs potes les Trouducu
Et pour les véritables broussards
Y a le saut Takari Tanté
Là y a personne c'est bonnard
ils se prennent pour des aventuriers
En février c'est carnaval
La grande orgie des dancing zook
Ils se mettent à l'heure locale
Mais ils dansent vraiment comme des ploucs
Font touloutou et tololo
Ils se laissent un peu aller
La Belle Cabresse coule à flot
Le folklore y a que ça de vrai
En mars les mecs partent au Brésil
Pour se taper des petites nanas
Ils mettent leur couple en péril
En priant pour que ça ne se sache pas
Mais madame de s'emmerde pas
pendant que monsieur se goberge,
Dans les bras d'un Saramaka
Elle s'en va tâter des...
Être muté sous les tropiques
On peut pas dire que c'est le bagne
Si ils sont là c'est pour le fric
Pas pour faire leur vie en Guyane.
Ils ont compris au mois d'avril
Que les épiciers sont tous Chinois
Qu'les mécanos viennent du Brésil
Et les voleurs du Guyana
Y a les Créoles qui se la pètent
Et les Amérindiens discrets
Ça pourrait être une grande fête
Mais c'est chacun de son coté
Au mois de mai ils n'en peuvent plus
L'air est moite et tout pourri
Faut dire que tout le mois il a plu
Z'ont même jamais vu autant de pluie
Ils ne supportent plus les moustiques
C'est vraiment un truc de dingue
Ce pays est trop merdique
Il manquerait plus qu'ils choppent la dengue
En juin ils commémorent
L'abolition de l'esclavage
Mais ils n'ont pas trop de remords
Il faut bien tourner la page
Pour eux les colonies c'est fini
ils sont persuadés de ça
Mais ils ont pas trop réfléchi
À ce qu'ils foutaient encore là
Ils font la fête au mois de juillet
Après une longue année scolaire
Où il ne sont pas trop foulés
Mais ont touché un bon salaire
Pour trois quatre ans vont rempiler
Histoire de prendre toute la cagnotte
Et partiront sans se retourner
Chez les Kanaks ou à Mayotte.
Être muté sous les tropiques
Il faut pas croire qu' c'est pour la gloire
Mais si demain il n'y a plus de fric
On finira par plus les voir.
* IPSI: Indémnité particulière de sujetion et d'instalation (autrement dit: prime de colonisation)