Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 octobre 2014 4 09 /10 /octobre /2014 00:09

Hommage à Schultz

« Mort aux vaches, mort aux condé ! »

Voilà là un putain cris de révolte, les aminches, largement popularisé par le groupe de punk rock Parabellum et son chanteur mythique Schultz. On leur doit, non content d’avoir remis au goût du jour une vieille chanson de bagnards, d’en avoir fait un véritable hymne à la liberté. La ritournelle est maintenant si connu que n'importe quel clampin ajoute aussi sec : « Vive les enfants de Cayenne, A bas ceux de la sureté ».

Il faut dire que les quelques mots de ce refrain représentent bien à eux seul le cri de désespoir des dizaines de milliers de pauvres gars que la justice de la République française a expédié ici, en Guyane, pour s’en débarrasser. La plupart d’entre eux, miséreux parmi les gueux, ont été condamnés pour des broutilles, vol, menu larcin ou vagabondage. Certains, on l’oubli trop vite, pour leurs idées politiques. C’est le cas de pas mal d’anarchistes, dont l’administration pénitentiaire avait soin de bien stigmatiser comme détenu particulièrement dangereux à surveiller de près tant leur capacité de révolte était grande. C’est sans doute à eux que l’on doit la plupart de ces bons apophtegmes contre l’ordre établi… et si on les chante encore aujourd’hui à plein poumon, c’est qu’il y a bien une raison.

Mort aux vaches :

L'expression n’a rien à voir avec l’expression bovine du regard des forces de l’ordre mais date sans doute de la guerre contre la Prusse en 1870. Les prisonniers français se trouvaient alors gardés par des prussiens. Et comment dit-on « un garde » en allemand ? Je te le donne en mille, Émile, « Ein Wach ». Mort aux Wach devient Mort aux vaches dans la bouche des bons bougres français qui n’entravent pas grand-chose à la langue de Stirner. Quoi de plus naturel alors que cette expression soit utilisée dans la colonie pénitentiaire. Quoi de plus normal d'en faire le refrain de la chanson la plus populaire du bagne de Guyane.

Mort aux condés :

A première vu ça semble facile, les condés c'est les flics, les poulets, les schmits, les roussins, les poulagas, les keufs... bref la police. Oui mais pas que. La référence vient avant tout du « condé » en tant qu'autorisation donnée par une autorité. Souvent le condé était un laissé passé qui permettait de circuler librement. C'est ensuite par extension que celui qui délivre le condé en a pris le nom. Là encore, on comprend que ceux qui se retrouvaient condamnés à la résidence perpétuelle en Guyane une fois leurs peines finie aient une petite envie de voir l’abolition des condés ou souhaiter la mort de ceux qui ne voulaient pas les leur délivrer.

Alors ? Mort aux vaches, Mort aux condés, c'est du folklore maintenant que le bagne est fermé ? Malheureusement, non ! C'est mal connaître les bourriques qui nous gouvernent. En y regardant de plus près, les choses n'ont pas vraiment évolué et ce qui jadis faisait gueuler Mort aux vaches et Morts aux condés à nos ancêtres est toujours d'une trop triste actualité dans le pays.

La République française, sournoise et insidieuse, fait souvent la chattemite pour mieux protéger les nantis de ce pays. Contrôler et mater le peuple est depuis longtemps son passe-temps favori. Certes aujourd’hui le bagne a fermé ses portes et si les techniques de contrôle ont évoluées, l’esprit reste le même. Nos nouvelles « vaches » sont par exemple installées à chaque coin de rue sous forme de caméra de vidéo surveillance (nb de caméras à Kourou ?). Un « condé » est malheureusement toujours nécessaire pour traverser le pays librement et passer sans encombre les check-point militaires de Bélizon ou d’Iracoubo. Bref, les aminches, on n’est pas prêt d’arrêter de gueuler un peu partout dans le pays, à l’instar de nos ancêtres bagnards : « Mort aux vaches, mort aux condés ! »

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires